Le parc national de Ranomafana est l’une des plus anciennes et des plus visitées des réserves naturelles de Madagascar. Il s’étend sur 417 km² de forêt tropicale intacte à une altitude moyenne de 1000 mètres dans les hautes terres centrales du pays. On y accède depuis le village homonyme de Ranomafana, accessible après une longue journée de route depuis Antananarivo. Il a été créé en 1991, à la suite de la redécouverte du grand hapalémur, alors considéré comme éteint, et de la découverte du hapalémur doré par la célèbre primatologue américaine Patricia Wright. Outre ces deux espèces, le parc abrite onze autres espèces de lémuriens ainsi qu’une multitude de reptiles, d’oiseaux, d’insectes et de plantes, dont beaucoup sont endémiques. Il figurait naturellement sur notre itinéraire lors de notre road trip de 2023 dans le sud de Madagascar.
De Morondava à Ranomafana avec une nuit à Ambositra
Nous avons quitté Morondava à 6h du matin pour ce qui allait devenir la plus longue journée de route de tout notre voyage. Mis à part quelques pauses pour le petit déjeuner, le déjeuner et deux ou trois arrêts pipi, nous avons roulé sans relâche, reprenant le long trajet fait deux jours plus tôt depuis Antsirabe et continuant encore quatre heures. Vers 22h, après 16 heures de route et 600 km de nids-de-poule, nous sommes enfin arrivés dans la ville d’Ambositra plongée dans la nuit. Après un bon repas et une bière dans un petit resto tenu par un camarade de fac de Tahina, notre chauffeur, nous avons pris une chambre dans un petit hôtel mignon et pas cher en périphérie de la ville, puis nous nous sommes écroulés jusqu’à l’aube.
Ce jour-là, nous n’avions que sept heures de route, alors nous avons laissé Tahina se remettre de son exploit pendant que nous allions faire une petite balade matinale. Des paysans et des écoliers marchaient le long de la route vers leurs rizières et leurs écoles, nous fixant avec étonnement. Nous avons pris le petit déjeuner dans une petite gargote familiale. Toute la famille s’est réunie pour nous observer. Apparemment, c’était la première fois qu’ils voyaient des blancs d’aussi près. Vers 9h, nous étions repartis sur la route.
Après avoir quitté la route principale et entamé la descente sur les versants orientaux de la chaîne montagneuse, le paysage changea brusquement. En relevant les yeux après avoir lu quelques pages de mon livre, je découvris que les plantations et les conifères des hauts plateaux avaient laissé place à une forêt tropicale luxuriante à perte de vue. Tout en bas d’une vallée abrupte, nous sommes enfin arrivés au village de Ranomafana.
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Hébergement à Ranomafana
Nous nous sommes installés dans une charmante maison d’hôtes appelée Chez Gaspard. Elle propose plusieurs bungalows bien entretenus dans un jardin splendide, une cuisine délicieuse, et un personnel sympathique. À peine entrés dans notre bungalow, nous avons eu un aperçu de la faune locale : une famille de geckos d’un vert éclatant partageait notre chambre, allant de la taille d’un ongle à celle d’un avant-bras. De bons colocataires : mignons, discrets, silencieux, et peut-être mangeurs de moustiques.
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Balade dans le village de Ranomafana
Nous sommes rapidement partis découvrir le village. Outre son cadre verdoyant, il avait un caractère très différent du reste du pays. Grâce au tourisme, il semblait plus développé et plus aisé. En tant qu’étrangers, nous n’étions pas vraiment une curiosité, ni particulièrement sollicités. Nous avons fait le tour du village, joué au foot avec deux gamins sociables, pris une bière et un dîner dans un petit resto sympa, puis sommes allés dormir avant notre randonnée du matin.
Galerie photo du village de Ranomafana
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Visite du parc national de Ranomafana
L’entrée du parc national de Ranomafana se trouve à 15 minutes de route à l’ouest du village (coordonnées : -21.2557, 47.4213). Nous y étions avant 8h pour rencontrer Patrick, notre guide local au prénom peu surprenant.
Il y avait un petit restaurant, une boutique de souvenirs, et bien sûr, le guichet d’entrée. Le droit d’entrée s’élevait à 55 000 ariary par personne, plus 5 000 pour une sorte de taxe que l’on payait un peu plus loin sur le chemin. Concernant le tarif du guide, plusieurs circuits étaient proposés selon la durée et les thématiques (primatologie, ornithologie, herpétologie, botanique…). Nous avons choisi le circuit standard de 4 heures, le deuxième moins cher, pour 120 000 ariary.
Cinq minutes après le départ, nous avons aperçu les premiers animaux. Un petit sentier en descente menait à un pont traversant la rivière vers la partie principale du parc. Juste avant de traverser, nous avons croisé une troupe de lémurs à ventre roux. Les mâles se reconnaissent à leur teinte ventrale rougeâtre, tandis que les femelles sont blanches. Tous deux sont globalement bruns. Au départ, ils restaient dans les feuillages denses, difficilement visibles. Puis Patrick nous fit reculer vers le début du pont : il pensait qu’ils allaient traverser. Et en effet ! Ils sont apparus un à un, se sont faufilés avec agilité sur la rambarde, une mère portant un petit sur le dos, sont passés à un mètre de nous et ont sauté vers leur destination. Un moment magique.
Pour observer l’espèce suivante, il fallut chercher plus longtemps. L’assistant de Patrick, qui nous précédait en éclaireur, finit par repérer un hapalémur doré.
Seul, accroché à une tige de bambou, il semblait parfaitement tranquille. Nous fûmes les premiers à l’observer, mais l’info se propagea vite, et une vingtaine de personnes finirent par l’entourer. Il restait imperturbable, concentré sur son bambou, qu’il pelait avec soin pour en atteindre le cœur blanc. Puis il sauta sur une branche et continua de mâchonner tranquillement.
Ils sont appelés lémurs bambous non pas parce qu’ils grimpent dans les bambous (comme je le pensais), mais parce qu’ils s’en nourrissent. La plupart des animaux, humains compris, mourraient en quelques minutes après avoir ingéré les cyanures contenus dans le bambou géant de Madagascar.
L’autre espèce de lémur bambou présente à Ranomafana est le grand hapalémur. Si vous lisez ceci quelques années après publication, il faudra peut-être conjuguer au passé. Lors de notre visite, il ne restait qu’une femelle. Son père, l’avant-dernier représentant de l’espèce, avait récemment disparu. Elle avait été adoptée par une troupe de hapalémurs dorés, ce qui offrait une fin un peu moins triste à cette lignée.
Nous avons ensuite vu deux autres espèces de lémuriens : un couple de lémurs laineux de Peyriéras, endormis enlacés sur une branche haute ; et une bande de sifakas de Milne-Edwards, bondissant gracieusement d’arbre en arbre.
Outre les primates, nous avons croisé d’autres créatures étonnantes : une minuscule grenouille cachée dans un nid d’oiseau (peu convaincante comme planque), un escargot gros comme une brique, une araignée grande comme ma paume en train de dévorer un insecte, des phasmes, des punaises-feuilles, des bousiers fluorescents, des cigales mousseuses (qui vivent dans leur propre écume), et plusieurs oiseaux, comme une vanga à bec crochu ou un bulbul de Madagascar.
Après une pause sur un point de vue surplombant uniquement le vert de la jungle et le gris du ciel, nous étions de retour au village en début d’après-midi. Détente, puis préparation pour le départ du lendemain vers le parc national de l’Isalo.
Galerie photo du parc national de Ranomafana
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